jeudi 24 février 2011

Un matin de février à Montréal...

Vous sortez le matin de chez vous. Un matin d'hiver comme un autre. En arrivant sur le trottoir, un nuage de poussière vous agresse le fond de la gorge. Cette poussière crayeuse de l'hiver lorsque les rues ne sont plus enneigées. Vous vous retenez pour ne pas prendre une respiration par la bouche. Le soleil est éclatant.

Vous arrivez au métro. Entrez. Quelques stations. Vous scrutez les gens autour. Puis, vous voyez cette fille. Pliée en deux. Comme si elle avait un malaise. Beaucoup de regards se dirigent vers elle. Discrètement. Mais vous les voyez tous. On ne doit pas être différent dans le métro à Montréal. Quelqu'un lui propose son banc. Elle accepte.

Vous sortez à cette station-là, Berri. Vous aviez envie de marcher un peu avant le boulot. Quelques pas et vous croisez un clodo. Il fouille dans un sac de McDo qu'il brandit au-dessus d'une poubelle. Vous pensez que vous lui auriez peut-être donné une barre tendre si vous en auriez eu une. Mais vous n'en aviez pas. Devant vous, le bâtiment d'Hydro-Québec dégage un grand rond de fumée. Vous regardez autour et vous constatez que c'est le bâtiment qui en dégage le plus. Vous trouvez ça ironique un peu. Juste à côté de cet immeuble, vous voyez un truc que vous n'aviez jamais remarqué. Vous trouvez étrange de pouvoir encore découvrir de nouvelles choses dans un endroit où pourtant vous passez si souvent.

En continuant à marcher, vous essuyez vos larmes. Vous n'êtes pas triste. C'est le froid et peut-être un reste de ce nuage de pollution que vous aviez croisé en sortant. Vous vous mouchez deux ou trois fois. Vous croisez sur la route quelques cadavres bien montréalais : une bière en vitre, un gobelet de café, une contravention de stationnement. Vous savez que c'est cela, car vous en avez déjà eu deux ou trois.

Ensuite, vous passez à côté de ces boules étranges qui font du bruit près de la Place-des-Arts. Vous êtes ambivalente. Ça a déjà assez attirée votre curiosité pour que vous en écoutiez quelques-unes, mais en même temps, vous ne trouvez pas ça très esthétique ou intéressant. Un peu plus loin, sur l'Astral, vous voyez une toute petite affiche de la peintre Corno. Vous vous souvenez l'avoir vue à Tout le monde en parle et avoir trouvé qu'elle avait l'air d'une femme fascinante. En levant les yeux de l'affiche, vous constatez que la ville n'a pas encore enlevé les décorations de Noël.

Vous continuez votre chemin. Vous croisez cette ruelle à bennes à ordures et encore une fois, vous regrettez de ne pas avoir votre appareil-photo. Vous vous dites qu'il y a quelque chose dans ce décor qui ferait une belle image. Plus loin, un gars lave les vitres d'un fast-food. Il a de grosses mitaines oranges claires. Après, vous voyez ce gars. Il a un chien en laisse et un gros carton. Il est sale. Vous vous dites que lui aussi s'en va commencer sa journée de boulot. Probablement.

En croisant un coin de rue, vous voyez un grand éclat de soleil. Vous tournez spontanément. De toute façon, c'est dans la bonne direction. Et bon, le soleil est si beau. Vous apercevez alors un deuxième gars qui lave des vitres. Lui aussi a des grosses mitaines oranges. Vous  vous demandez ce qui vient avant. L'envie du métier ou bien les mitaines ? Vous êtes de plus en plus près de votre lieu de travail. Vous avez le temps de croiser deux oiseaux qui vous font sourire. Il y a aussi ce gars qui veut impressionner en faisant gronder son moteur et en coupant une autre voiture. Une Audi si vous ne vous trompez pas. Après tout, vous ne connaissez rien aux voitures.

Voilà, vous êtes arrivé. Tellement endormie, vous sortez vos clés de maison devant la porte du bureau. Vous vous faites bien rire.

5 commentaires:

Viv a dit…

Comme d'habitude, superbe texte, superbes mots. Qui décrivent si bien cette ville que j'adore. Qui décrivent si bien l'état d'âme ambiant d'un début de journée hivernale, quand tout n'est pas encore réveillé. Juste wow.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Viv : Ooooh ! Merci. J'apprécie beaucoup ce commentaire. J'aime que tu aies ressentie l'ambiance de ce que j'écrivais. Merci, merci.

Anonyme a dit…

j'ai beaucoup aimer, c'est trés jolie, en faite, il y a la vie dans votre jolie texte.

merci

diane

Anonyme a dit…

je reviendrais vous lire, je suis a la réunion, je vous envoie du soleil, envoyez moi un peu de neige elle me manque tant.
diane

L'impulsive montréalaise a dit…

@diane : Merci beaucoup Diane. J'aime bien ces petits textes qui font entrer dans la vie de quelqu'un. Rien de si haut en couleur. Mais juste la vie. La Réunion ! Waaaaaaa ! Je suis impressionnée. J'enverrais bien un peu de neige... mais ça fondrait avant d'arriver.