mercredi 4 avril 2018

Ma croix

Il y a une part de moi que les gens n'aiment pas. On m'a crucifiée maintes fois. On a fait mon procès. Puis condamnée.

Mais cette part de moi, j'aurais de la difficulté à la contrôler. Puisqu'elle n'existe que chez les gens qui la reçoive. Je ne prétends pas qu'ils ont tort. Juste que je n'ai pas les intentions qu'ils me prêtent. Et sans intention, comment peut-on voir ? Je suis aveugle.

Alors, je me sens inadéquate. Je me sens mal. Je me sens sale. Parce que les gens ne veulent pas comprendre ce que je dis. Ne veulent rien reconnaître de ma vérité. Je dis que je suis désolée. Mais il est trop tard. On m'a déjà jugée et envoyée sur le bûcher. Impropre à la consommation.

J'ai ce problème, du moins cet état, ces reproches, depuis longtemps. Comme une croix que je vais traîner toute ma vie. Et j'avoue que je ne sais plus quoi faire.

J'ai vraiment l'impression que ma seule solution passe par l'île déserte. Ou par le monastère. Je ne tolère plus ces gens qui se permettent toutes les insultes et les brusqueries sous prétexte de perceptions qu'ils ont eues. Et je n'en vois pas la fin à ces insultes et ces brusqueries. Alors, moi, fréquenter des humains, j'en ai de moins en moins envie. Mais comment peut-on vivre sa vie sans humain autour de soi de nos jours ? Tout dépend de ce que les autres diront. S'ils tranchent, on part. S'ils tranchent, on est condamné. Les versions ne sont toujours importantes que dans l'autre camp.

Honnêtement, je n'en vois pas la fin de cette croix. Je n'ai pas de solution à ma vie. Je voudrais laisser vivre ce fleuve tranquille au fond de moi. Mais la vie s'acharne à me mettre à genoux. Mes apprentissages, mon cheminement, j'ai parfois l'impression que c'était du vent tout ça. S'élever, c'est difficile lorsqu'une croix repose sur nous. Les humains, je n'en peux plus.

dimanche 18 février 2018

Mes refuges

Je l’avoue, je trouve ma vie difficile ces temps-ci. J’ai eu une dernière année très mouvementée. Plein de belles choses, oui. Quelques mauvaises aussi. Mais les belles choses, quand elles sont nouvelles, apportent leur lot de stress. Et depuis le dernier mois, j’ai l’impression que la vie s’acharne en petites  (grandes ?) claques sur la gueule.

Mais je tiens debout. Pas toujours forte, pas toujours assurée, mais debout. J’ai mal, j’ai ressenti des émotions affreusement négatives... Honnêtement, je me surprend. Malgré des doutes, des questionnements, des pertes de repères, des réponses qui m’échappent, je reste là.

Je vais être franche : je ne sais plus beaucoup de choses. J’ai peur. Très peur de l’avenir. Je ne sais plus où aller. Ce que je dois faire. Ce que je veux.

En même temps, je me découvre des forces insoupçonnées. Je suis ancrée dans quelque chose que je ne saurais nommé. Je lis voracement tout ce qui me rassure et m’aide un peu. Des centaines de pages sur le bouddhisme. Parfois cette idée folle que je devrais me faire nonne dans un monastère bouddhiste... Le bouddhisme m’apaise. Des idées, des phrases comme des refuges.

J’ai besoin de bons mots. De compassion. De gentillesse. De votre part sûrement. De ma part assurément.

Monastère bouddhiste... Et si j’étais trop différente pour cette société que j’habite ?

samedi 3 février 2018

En manque

Tu me manques. C'est affreux.
La douceur de ton regard.
Le soyeux de tes baisers.
Tes mains rassurantes sur ma peau affamée.
Exister par toi.

Tu me manques. Comme une envie lancinante. Te regarder. T'espérer. Avoir envie de te rappeler à moi. De te ramener dans mes bras. Des moments fugitifs. Qui n'ont presque pas eu lieu. Cette sensation d'abandon. Tu m'as fait mal. Je t'ai repoussé. Et tous les soirs, je t'espère. La chaleur de mon corps qui veut.

Je ne dois pas. Je ne dois pas. Je ne dois pas.

Je te veux tellement. C'est affreux. Que tu me donnes ce rien à donner que tu as. Car rien, c'est ce que tu es. Mais les petites filles tristes comme moi, ça ne les gêne pas tant du rien. Pourvu qu'on les aime un peu, trop peu. Je croirai tes belles paroles temporaires. Je me les répéterai des centaines de fois. Comme une prière pour m'endormir la nuit.

Je regarde mon téléphone. Je regarde parfois tes yeux. Je te regarde­. Et j'ai envie que tu reviennes. Parce que tu me manques. Et je ne peux pas te dire que tu me manques. Mais c'est affreux. Comme un grand vide dans mon ventre. Je me hurle de te contacter. Je me fais mal de ne pas le faire.

Je sais que je te manque au moins un peu aussi. Alors invente-moi des belles paroles. Crée-moi des mensonges trop doux. Berce-moi dans tes yeux. Parce que l'abandon, ça vide le coeur. Et j'ai besoin de toi pour revivre un peu. Pour sentir ces frissons d'excitation que seul le regard d'un autre peut apporter. Ton regard.

Pourquoi ? Pourquoi tu ne le fais pas ? Me dire que je te manque. Que toi aussi tu penses à moi. Même si ce manque n'est rien. Même si ce manque ne voudra jamais dire de l'affection réelle. Même si ce manque est plein d'illusions. Je suis prête à les croire.

Mais je ne dois pas. Je ne dois pas. Je t'ai enterré. Quelque part au fond de moi. Et le nuit, quand je me sens seule, je te regarde au fond des mes entrailles et ça me saigne un peu.

mercredi 24 janvier 2018

Ma confiance

Où se termine la confiance en soi et où commence la vantardise ?

C'est une question que je me pose régulièrement. Parce qu'il semble mal vu d'avoir confiance en soi. Du moins, d'affirmer ses forces, ses talents et ses qualités. Je le sais, car je le vis. Je suis une personne directe, franche, sans filtre ni masque. Je ne dis pas que je suis bonne dans quelque chose ou que j'ai une qualité spécifique pour me vanter. Je le dis parce que je le sais. Est-ce que ça signifie que je suis infaillible et ne peut pas me tromper ? Non. Est-ce que ça veut dire que je suis la meilleure en tout ? Bien évidemment pas. Est-ce que je sous-entends que l'autre face à moi n'a pas cette qualité ? Me reconnaître n'enlève rien à personne. Est-ce que je prétends être parfaite ? Assurément pas.

Je sais seulement qui je suis. Et je peux nommer mes forces comme je peux nommer mes faiblesses. Mais j'ai l'impression qu'on proteste presque plus quand je prétends à la beauté qu'à la laideur. Comme si bien se connaître et savoir qui l'on est ne pouvait que se faire que négativement. Du moins, se faire seulement en silence. Devrais-je me taire ? Pourtant, lorsqu'on parle de mes difficultés, je les nomme tout aussi ouvertement.

Il y a des choses dont je suis fière. D'autres dont j'ai peut-être un peu honte, du moins pour lesquelles je ressens une certaine gêne. Je suis qui je suis dans toute la magnifique complexité de l'être humain. Et je ne comprends pas pourquoi il me faudrait le taire.

dimanche 21 janvier 2018

Temps de manque

Pourquoi est-ce les gens qui le méritent le moins qui nous manquent le plus ?

Tu me manques...


lundi 15 janvier 2018

Violence (in)humaine

Je viens d’être victime de la laideur humaine de façon violente. 

On vient de m’insulter comme si j’étais une mauvaise herbe, une sale merde, un insecte nuisible. Comme si je n’étais rien du tout. On m’a insultée sur tous les plans possibles, sur toutes les facettes de ce que je suis, de ce que je vis, de ce que je veux. À coup de messages carrément dégueulasses. De claques sur la gueule mal écrites.

J’ai ma peau qui en tremble. Comme si la laideur était allée s’y installer. Je comprends à peine. Pourquoi ? Mais aussi comment est-ce possible de puiser tant de haine en soi pour la cracher sur les autres ? Quelqu’un que je connais très peu. Que j’avais bien mal jugé.

Je me sens humiliée, je me sens sale. Comme si j’avais son vomi de mots qui coulait partout sur mon corps. Comme si j’étais fautive, au moins naïve.

J’essaie de me calmer, mais je reste physiquement atteinte par ce déferlement de saletés. Oui, mon esprit aussi bien sûr. Mais je le sens dans mon corps. Dans mon ventre serré. Dans mes poumons étouffés J’essaie vraiment de prendre de grandes respirations et je me dis d’aller chercher le calme en moi. C’est difficile.

Et tout cela survient alors que quelqu’un d’autre, que j’appréciais beaucoup et respectais, vient aussi, il y a quelques jours, de me montrer sa laideur. Du moins, sa souffrance. Des propos que je n’avais pas pensé pouvoir entendre de cette personne.

J’ai de bonnes amies qui m’ont soutenue, me soutiendront. Mais ça ne lave pas ce goudron épais qui me suffoque actuellement, cette cruauté qui empoisonne mon sang.

J’ai répondu. Un peu. Comme un met un pare-feu lorsque des flammes nous attaquent. Aurais-je dû me taire ? Laisser couler le flot de toute cette purulence ? J’ai lancé certainement une ou deux insultes senties. Pour le reste, je n’ai que tenté d’arrêter l’hémorragie en nommant le mal qui était fait et en demandant une fin à ce calvaire. La violence par la violence n’est pas une solution. Mais n’était-ce pas que de la simple autodéfense ?

On dirait que je ne crois pas encore à toute cette violence. Que ça me semble surréaliste tellement c’était inattendu, presque gratuit et agressif. Je hais l’idée que je serai confronté à cette personne encore. Parce que la vie.

Comment fait-on pour se laver l’âme ? Une âme boueuse de laideur humaine. Car c’est ainsi que je me sens.

Et moi qui veux tant croire à la gentillesse, à l’amour, à la compassion, à la beauté humaine. En ce moment, j’ai la croyance vacillante...

vendredi 5 janvier 2018

Vieillir

J’ai eu 37 ans il y a moins d’un mois... Je crois que c’est la première fois de ma vie que je me sens vieille. Je ne dis pas que je le suis. Je ne prétends pas que 37 ans soit un vieil âge. J’ai d’ailleurs toujours eu un rapport paisible avec le fait de vieillir. Mais voilà, je me sens un peu vieille et je ne sais pas si j’aime ça.

Il y a les traces sur mon visage. Que je n’ai jamais regardées avant. Mais que je scrutais l’autre jour pour la première fois tout en me demandant où s’arrêtaient mes cernes et où commençaient mes rides. Il y a ces cheveux blancs. Ces nombreux cheveux blancs. Qui disent que ma teinture est due, qui me rappellent que bien qu’ils soient là depuis mes 22 ou 23 ans, ils gagnent du terrain. Il y a ces jeunes que je côtoie quotidiennement. Lorsque j’y pense, je pourrais techniquement être leur mère. Mère... À l’âge que j’ai, le serai-je un jour ? Le glas est du mauvais côté. Non pas que ce soit un besoin absolu. Mais la vie qui décide pour toi, ça rend le choix un non choix. Et vieillir, vieillir toute seule... Dans un appartement petit, avec un chat, sans personne pour nous ouvrir les bras le soir lorsqu’on revient fatiguée. Sans personne pour nous encourager lorsqu’on, sans être malheureuse, on est épuisée de ce poids sur nos épaules.

J’ai la vie d’une femme de 18 ans. Mais j’en ai 37. Ce rapport serein que j’avais avec la vieillesse, assurément, il se transforme. La vieillesse dans le corps, inéluctable. La vieillesse dans la tête qui prend des couleurs différentes selon les jours. L’observation de notre façon de vieillir. Je suis de plus en plus la personne que je veux. Mais je n’ai pas pour autant la vie que je veux. J’y travaille. Mais c’est aussi une course du temps. C’est aussi se regarder vieillir et avoir peur de certaines choses pour notre avenir. Vieillir seule, ça fait un peu peur.